Propriétaire de cet édifice remarquable, Gecina a fait appel pour cette opération de réhabilitation lourde au savoir-faire du groupe Spie batignolles et de ses filiales. Le résultat : une destination mixte comprenant des commerces, des bureaux, des logements et un ERP pour un bâtiment aux volumes valorisés et aux décors d’exception restaurés.

Rénovation exceptionnelle en plein Paris

Un immeuble d’un grand intérêt historique et architectural L’immeuble du 16, boulevard Montmartre, connu sous le nom d’hôtel Mercy-Argenteau, est une des plus anciennes maisons bâties sur ce boulevard à la fin du XVIIIe siècle, et une des très rares conservées. Cet hôtel particulier a été construit en 1778 par l’architecte Firmin Perlin pour un banquier qui le revend au comte de Mercy-Argenteau, ambassadeur d’Autriche à Paris. Amputé de ses communs et de ses jardins à la Révolution, il est surélevé de trois étages entre 1827 et 1829, augmenté de deux ailes sur cour et devient un immeuble de rapport. Il hébergera au Second Empire des cercles mondains très en vogue. En 1890, il est agrandi d’une vaste salle des fêtes attribuée à Charles Garnier, inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, tout comme le salon n° 2 du 1er étage, orné de colonnes corinthiennes.

Le projet de Gecina : un bâtiment restructuré à usage mixte La réhabilitation des 6 000 m² SHON sur 6 niveaux a été lancée en octobre 2009 pour une réception prévue en juin 2012. L’immeuble restructuré conservera sa nature mixte caractérisée par : • des locaux commerciaux en rez-de-chaussée (40 mètres de façade), • des espaces de réception au 1er étage, classés ERP, comprenant la salle des fêtes et 7 salons, • des bureaux en R+2 et R+3, • 22 logements dont 6 logements sociaux, du studio au duplex, en R+2, R+3, R+4, R+5 et R+6. • des caves et des locaux techniques.

L’enjeu : concilier patrimoine d’origine et normes actuelles pour réaliser un ensemble immobilier d’exception La réhabilitation réalisée par Spie batignolles à travers six de ses filiales a pour objectif d’intégrer au bâtiment les éléments de confort les plus modernes – climatisation, chauffage, ascenseurs, isolation acoustique performante, réseaux électriques – dans le strict respect de son intégrité architecturale, sous le contrôle de l’architecte du Patrimoine et de la DRAC.

Des espaces sont reconfigurés, de nouvelles circulations verticales sont créées, les parties anciennes sont restaurées, le tout dans une architecture qui fait la part belle au bois (poutres, planchers, murs en pans de bois, tous les éléments constructifs en bois devant être conservés), au métal (structure de la salle des fêtes, verrières) et aux éléments décoratifs (boiseries peintes, staff).

Situé à quelques dizaines de mètres de l’entrée du Musée Grévin, le chantier dispose de faibles dégagements à l’extérieur, directement au contact des passants et de la circulation des Grands Boulevards.
–  Reprise en sous-oeuvre pour agrandir le sous-sol
– Remplacement / restauration / renforcement des planchers et des structures bois
–  Incorporation des aménagements techniques dans les zones patrimoniales
–  Traitement des façades : pierre de taille et pans de bois
–  Restauration des décors de la salle des fêtes et des salons de réception
–  Rénovation de la verrière de la salle des fêtes
–  Rénovation des toitures à l’impériale

Rénovation exceptionnelle en plein Paris

Qui fait quoi ? • Maître d’ouvrage : Gecina, Première foncière française en immobilier de bureaux et résidentiel

–  Maître d’oeuvre : DTACC – Carvunis-Cholet Joachim Ganuchaud, architecte du Patrimoine, Agence DTACC

–  Conservateur Régional des Monuments Historiques : Serge Pitiot

–  BET structure-fluide : Setec

–  Entreprise générale mandataire : Spie SCGPM, groupe Spie batignolles

–  Autres filiales Spie batignolles : SPR Rénovation, façades et sols pierre Sedib, menuiserie intérieure Trouvé-Leclaire, peintures neuves et restauration, en lien avec des spécialistes agréés par la DRAC Ile-de-France Verre et Métal, verrières Spie batignolles énergie, électricité, plomberie et CVC

–  Lots techniques spécifiques : Caillaud Ile-de-France, charpente et ossature bois Face Centre Loire, couverture

–  BE structure béton armé : Ingerco

Les points forts d’un chantier très technique

Reprise en sous-oeuvre pour agrandir le sous-sol Des locaux techniques (électricité, réseau de chaleur urbaine CPCU, réseau de froid urbain Climespace) de 300 m² ont été créés en sous-sol, sous l’une des deux ailes et la cour. Ce qui a nécessité la reprise en sous-oeuvre du bâtiment et l’évacuation de 1 200 m3 de terre, acheminés jusqu’aux camions d’enlèvement par un tapis convoyeur pour assurer la cadence du chantier. Les anciennes caves voûtées en pierre ont été rénovées pour en faire des caves particulières et des réserves. La superficie totale du sous-sol agrandie est de 1 500 m². Le bâtiment a fait l’objet d’un suivi précis de nivellement pendant toute la durée des interventions de gros-oeuvre.

Remplacement / restauration / renforcement des planchers et des structures bois La structure particulière des planchers en bois de chêne dans le bâtiment a conduit les services de la DRAC à demander leur conservation et leur restauration dans les règles de l’art. Cette contrainte technique supplémentaire a conduit l’entreprise générale à réagir en flux tendu, au fur et à mesure de l’avancement des travaux de curage. Selon l’état des bois et au cas par cas, elle établit un diagnostic et propose une solution, en cohérence avec les impératifs du programme défini par le maître d’ouvrage (coût de réalisation, hauteurs sous plafond des volumes finis après travaux, etc.). C’est ainsi que le chantier réunit pratiquement toutes les techniques de renfort actuellement en usage en réhabilitation :  planchers bois anciens conservés, avec assemblages restaurés ; connexion bois / béton (procédé Sylvabat) ;  poutres en bois lamellé collé, bien souvent connectées à une dalle en béton ;  connexion résine et fibre de verre (procédé Rénofors) pour 80 m² ;  renfort par poutres métalliques en sous-face ; connexion métal / béton ; Et bien sûr des planchers béton, notamment dans les locaux techniques où les contraintes acoustiques et les surcharges sont importantes. Les murs et cloisons en pans de bois ont été vidés de leur remplissage pour intervenir sur les bois eux-mêmes : 60 à 70 % d’entre eux ont été renforcés par moisage, en utilisant soit de la résine, soit des plats métalliques ;  20 % des bois ont été remplacés.

Le chantier a été organisé en plancher de transfert pour mener simultanément la restauration de la charpente / couverture et la restauration des planchers, notamment aux étages de bureaux.

Incorporation des aménagements techniques dans les zones patrimoniales Les caractéristiques de ce bâtiment historique ne devaient pas être un obstacle à l’intégration des éléments de confort attendus dans une réalisation immobilière haut de gamme.

Les espaces de réception du 1er étage intègrent la climatisation par soufflage au sol et reprise par grilles au plafond. Les réseaux courants forts/faibles sont astucieusement intégrés au décor.

Les étages de bureaux sont isolés des étages d’habitation par des plafonds pare-feu et acoustiques. La coexistence dans le même bâtiment d’espaces régis par des réglementations différentes est un paramètre lourd pour la conduite du chantier : code du travail pour les bureaux, réglementation habitation pour les logements, avis de la commission de sécurité pour les ERP et les commerces.

Dans de nombreux cas, il faut gérer l’exception patrimoniale avec les autorités compétentes (Préfecture de Paris, pompiers, etc.). Un exemple : impossible d’inclure une colonne sèche dans un salon protégé, elle est remplacée par plusieurs extincteurs dissimulés dans des placards inclus dans la boiserie, sur autorisation spéciale.

Une organisation millimétrée Le chantier est situé dans le voisinage immédiat du Musée Grévin, dans une zone très passante fréquentée aussi bien par des actifs que par des touristes ou des noctambules.

L’immeuble ne dispose que d’un seul accès. Les bungalows de chantier ont été installés sur un portique métallique enjambant le trottoir, prenant appui sur la voie de bus. Cette structure sert de support au système d’approvisionnement des charges lourdes. La voie de bus permet également de garer les camions qui desservent le chantier : leur trafic est planifié avec précision par un logiciel de gestion de livraisons développé en 2008 à l’initiative de Spie batignolles et partagé avec tous les fournisseurs du chantier. Toute file d’attente et toute gêne sont ainsi évitées dans un quartier central à la circulation très sensible.

Traitement des façades

–  Côté rue, une façade en pierre La façade en pierre de taille, côté rue, était très dégradée. Elle a été entièrement retaillée sur une épaisseur de 5 mm là où la pierre était suffisamment saine. Dans les zones trop abîmées, SPR rénovation a procédé à des inclusions de pierre massive et au remplacement des modénatures.

Au niveau du rez-de-chaussée, la façade est recréée pour rétablir un dessin global harmonieux, dans l’esprit des XVIIIe/XIXe siècles, conciliable avec les besoins des nouveaux commerces.

–  Côté cour, des façades en plâtre et pans de bois Quatre mois de travail ont été nécessaires pour éradiquer la mérule, un champignon lignivore qui était bien installé. Les bois trop abîmés ont été remplacés, les autres ont été renforcés à l’aide de métal ou de résine.

Restauration des décors de la salle des fêtes et des salons de réceptionDans les salons du XVIIIe siècle, dont certains avaient été remaniés au XIXe, les restaurateurs ont mené une analyse stratigraphique qui leur a permis d’identifier jusqu’à 11 couches de repeints par endroits.

Selon les styles et l’état de conservation des décors, un parti-pris de restauration a été défini avec la DRAC et l’architecte du Patrimoine : dans tel salon, l’état initial du XVIIIe est restitué ; dans tel autre, la restauration privilégie l’esprit XIXe des boiseries, etc. Au cas par cas, la filiale spécialisée du groupe Spie batignolles Trouvé-Leclaire propose des échantillons de couleur et réalise des essais. Les décors de la salle des fêtes seront entièrement restaurés à l’identique : moulures et bas reliefs en staff, frises décoratives, faux marbre, feuille d’or. Les éléments manquants du plafond vitré seront reconstitués par un artisan spécialisé et un parquet massif sera posé dans le respect du calepinage d’origine.

Rénovation exceptionnelle en plein Paris

Rénovation de la verrière de la salle des fêtes La verrière éclairant la salle des fêtes était une structure légère posée sur une structure métallique (poteaux + charpente) de type Eiffel, elle aussi très légère. Or, la nouvelle vocation d’accueil du public de cet espace nécessite qu‘il soit isolé des façades environnantes par une verrière pare-flamme trois fois plus lourde, dont la dilatation doit être possible sous l’action de la chaleur.

Spie SCGPM et la filiale spécialisée du groupe Spie batignolles Verre et Métal ont réalisé une opération très technique pour adapter la structure existante à la surcharge de la nouvelle verrière (une poutre béton relie les poteaux métalliques de la structure XIXe) et réaliser la pose sans porter atteinte au précieux décor de staff placé juste en dessous.

Rénovation des toitures à l’impériale Les toitures à l’impériale forment un couronnement convexe en zinc qui englobe les trois derniers étages de l’immeuble, tous résidentiels. Leur restauration a mobilisé pendant un an une équipe de charpentiers et de couvreurs spécialisés, qui ont mené un travail d’une grande minutie, rénovant également les petites verrières anciennes incluses dans les toits et les verrières d’escalier en coordination avec les autres corps d’état.

Partout où la charpente pouvait être conservée, et dans la mesure où les éléments à remplacer n’excédaient pas 30 %, du chêne a été utilisé, à l’identique. Exceptionnellement dans certaines zones très dégradées, la charpente a été reconstruite en sapin.

Un chantier à l’écoute de son voisinage L’équipe de Spie SCGPM, conformément à la politique du groupe Spie batignolles, se montre très attentive aux relations du chantier avec son voisinage immédiat. Comme toujours en situation urbaine, la proximité est grande et les activités environnantes imposent chacune leurs contraintes.

Par exemple :  la proximité immédiate de deux restaurants avec terrasse rend impossible les travaux bruyants à l’heure du déjeuner ;  pour le confort des occupants des bureaux voisins, les nuisances sonores sont évitées lors de réunions importantes de l’autre côté du mur ; les gravats sont chargés dans des camions-bennes tous les matins à 7 heures dans la cour, pour faire moins de bruit à l’extérieur du bâtiment.

Un interlocuteur dédié par Spie SCGPM est à l’écoute des voisins, organise les phases de chantier bruyantes en fonction de leurs contraintes et recueille leurs éventuelles doléances. Il est responsable de la tenue d’un cahier du voisinage. Il est chargé de communiquer sur les actions entreprises pendant les travaux.

Cette politique d’anticipation a permis d’enregistrer peu de plaintes.

Documents joints :

DP + Visuels (ZIP)