Les travaux de rénovation énergétique, et plus particulièrement la rénovation globale hissée au rang des priorités du Gouvernement, sont-ils devenus à la portée des ménages précaires et modestes ? Les aides – MaPrimeRénov’ et les Certificats d’Économies d’Énergie (CEE) – sont-elles suffisantes pour baisser le reste à charge dans le contexte inflationniste actuel et impulser la massification de la rénovation énergétique ?
C’est pour répondre à l’ensemble de ces questions que Hellio, acteur de référence de l’efficacité énergétique, s’est intéressé à l’évolution des primes et du reste à charge des ménages modestes et précaires entre janvier 2021 et avril 2023 sur les principaux postes de travaux (rénovation globale, isolation des murs, isolation des combles, chaudière biomasse, pompe à chaleur air/eau et chaudière gaz), en prenant en compte les différentes évolutions réglementaires des dispositifs d’aides et l’inflation du coût des chantiers.
Le reste à charge plombé par l’inflation
Force est de constater que malgré l’augmentation des aides disponibles pour certains postes de travaux, le reste à charge est bien plus élevé en avril 2023 qu’en janvier 2021. En cause : la hausse continue du coût des chantiers depuis 2021 qui n’a pû être compensée par les revalorisations des primes.
Le reste à charge atteint parfois un niveau colossal en fonction des postes de travaux.
Dans le cas d’une rénovation globale, le reste à charge est ainsi estimé à 39 513 € pour un ménage précaire et 44 013 € pour un foyer modeste en avril 2023, soit une augmentation respectivement de 12 % et de 25 % par rapport à janvier 2021.
L’ouverture de MaPrimeRénov’ Sérénité depuis le 1er juillet 2022 a certes permis une baisse immédiate du reste à charge, le ramenant à 34 803 € pour les ménages précaires et 39 303 € pour les ménages modestes. Néanmoins, la courbe est rapidement repartie à la hausse, rattrapée par la forte inflation enregistrée sur les 9 derniers mois (entre 7 % et 14 %).
Rénovation globale d’une maison (BAR-TH-164)
Même constat pour les équipements de chauffage à énergies renouvelables, pourtant bien subventionnés. Pour une pompe à chaleur air/eau, un ménage précaire (hors sortie de fioul) doit aujourd’hui débourser 6 442 € après déduction des aides, soit 1 774 € de plus qu’en janvier 2021.
Pompe à chaleur air/eau (BAR-TH-104)
Pour une chaudière biomasse, le reste à charge a augmenté de 1 688 € pour les ménages précaires et de 1 426 € pour les ménages modestes (hors sortie de fioul).
Au-delà de l’inflation, cette hausse du reste à charge s’est également accentuée depuis le 1er avril 2023, suite à l’arrêt du bonus MaPrimeRénov’ de 1 000 €.
À noter que les foyers en situation de sortie de fioul bénéficient d’un reste à charge diminué de 1 000 € grâce au Coup de boost CEE toujours en vigueur.
La rénovation globale doit être privilégiée
Cette étude met en exergue l’intérêt de privilégier la rénovation globale par rapport à un bouquet de travaux. En effet, grâce au cumul désormais possible de MaPrimeRénov’ Sérénité² avec le Coup de pouce rénovation performante en maison individuelle³ depuis le 1er juillet 2022, les primes ont augmenté de 119 % pour les ménages précaires et 88 % pour les ménages modestes, passant de 12 600 € en juin 2022 à respectivement à 27 600 € et 23 100 €.
Rénovation globale d’une maison (BAR-TH-164)
En parallèle, les mono gestes de travaux sont de moins en moins aidés, avec en tête de liste l’isolation (combles, murs). À titre d’exemple, pour l’isolation des murs, suite à la fin du doublement des primes CEE le 31 décembre 2021 et la baisse des aides CEE le 1er mai 2022, les montants ont chuté de 1 813 € pour les foyers précaires entre janvier 2021 et avril 2023, passant 10 195 € à 8 392 €.
Isolation de murs de 100 m2 (BAR-EN-102)
Même constat du côté de la chaudière gaz : dans le contexte actuel de lutte contre les énergies fossiles, les aides se réduisent comme une peau de chagrin. L’arrêt du Coup de pouce Chauffage gaz et émetteurs le 30 juin 2021 et la suppression de MaPrimeRénov’ le 31 décembre 2022 ont entraîné une baisse des aides de 88 % pour les précaires et de 84 % pour les modestes. Seuls les CEE restent pour ne représenter plus que respectivement 281 € et 261 €.
Augmenter les primes CEE pour réduire le reste à charge
Parmi les leviers à actionner pour réduire ce reste à charge, Hellio plaide pour une nouvelle augmentation du volume d’obligation pour la 5e
période des CEE. Celle-ci aurait un effet bénéfique pour les ménages, les plus modestes surtout, car les primes CEE s’inscriraient ainsi à la hausse, provoquant directement une réduction importante du reste à charge de chaque projet de travaux.
Pour rappel, le niveau d’obligation a déjà été revu à la hausse en janvier 2023, pour passer de 2 500 TWhc à 3 100 TWh cumac (TWhc) sur les 3 prochaines années de la période. Hellio avait pris la décision d’anticiper en augmentant ses primes dès le mois de septembre 2022, date de l’annonce de la réhausse à venir. Une seconde augmentation des primes Hellio avait suivi en janvier 2023.
Avec un budget de 5 milliards d’euros en 2021, le principal dispositif d’aides est bien celui des Certificats d’Économies d’Énergie, devant l’aide publique MaPrimeRénov’ qui pèse pour 2,4 milliards. Sur le principe des pollueurs payeurs, les fournisseurs d’énergie en France (Engie, Total, EDF, etc.) ont une obligation d’inciter financièrement les Français à réaliser des travaux de rénovation énergétique en leur versant une prime.
Télécharger le communiqué de presse ci-après : CP Etude Hellio reste a charge_Mai 2023
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